Saint-Adélard
Architecte de la Renaissance Carolingienne
Adélard nait dans les années 750 en Flandre. Son nom comprend de nombreuses variantes selon les textes : Adhalard, Adhélard voir même Alard.
Il est le petit-fils de Charles Martel et donc le cousin de Charlemagne. Ils suivirent ainsi la même formation. Adélard parlait ainsi couramment différentes langues du territoire carolingien. Sa proximité avec son cousin en fit un de ses principaux conseillés lorsque Charlemagne accéda au trône royal et par la suite impérial.
Membre important de la cour impériale, il occupe à quelques reprises la charge de Missus Dominicus : un envoyé spécial des souverains carolingiens chargé d’asseoir leur pouvoir sur des territoires quelque peu réfractaires. Adélard participe également à plusieurs campagnes guerrières contre les Saxons avant de prendre part aux expéditions contre les Lombards. Il sera ensuite nommé Maire du Palais de Charlemagne, l’équivalent de notre premier ministre actuel.
En 771, Adélard désapprouve la séparation entre Charlemagne et Désirée de Lombardie. Il prend donc ses distances avec Aix-La-Chapelle et devient moine à l’abbaye de Corbie sous l’abbatiat de l’abbé Maurdramne, le créateur de ce qui deviendra, par la suite, l’écriture caroline. Adélard y prend la fonction de jardinier, ce qui en fait encore aujourd’hui le saint patron de cette profession.
Nommé abbé de Corbie en 780, après un bref passage par le Mont-Cassin, il contribue au renouveau spirituel et intellectuel de l’abbaye. La maitrise de la minuscule caroline, plus facile à écrire que les anciennes écritures gothiques, permet au scriptorium de Corbie de changer de dimension et de rayonner à l’international. Les bibles de Corbie s’exportent dans tout l’empire. Corbie devient alors « La ville d’or, l’autre Rome ».
À la même époque, la bibliothèque de l’abbaye s’enrichit de somptueux manuscrits dont une partie est encore aujourd’hui conservée à la Bibliothèque d’Amiens, à la BNF ou encore à la Bibliothèque Nationale de Russie. Nous devons à Adélard la rédaction des Statuta antiqua Sancti Petri Corbeiensis. Destinés à réformer l’abbaye, ces statuts serviront de modèle à d’autres monastères.
À la mort de Charlemagne, en 814, son fils Louis Le Pieux souhaite se débarrasser des conseillers de son père. Adélard se voit exilé à l’abbaye de Noirmoutier. Il retrouve Corbie seulement en 821 mais repart l’année d’après en Germanie. Il fonde en pays saxon une colonie monastique : Corbeia nova, aujourd’hui Corvey, classé au Patrimoine Mondiale de l’Unesco.
Il meurt en 826 à l’âge de 75 ans. Son frère Wala lui succède comme abbé de Corbie. Adélard sera par la suite canonisé en 1026. Les reliques de Saint-Adélard sont conservées dans l'abbatiale Saint-Pierre de Corbie. Le Musée de Cluny, à Paris, conserve un pied-reliquaire de Saint-Adalard en cuivre embouti, gravé, ciselé et doré du XVe siècle.